Texte adressé par l’association femmes et mathématiques à la DGESCO le 7 février 2025, dans le cadre de la consultation sur le projet de programme de mathématiques pour le cycle 3.
1 – Nous nous réjouissons de la présence d’un paragraphe concernant l’égalité entre les filles et les garçons. Nous remarquons cependant que tout le texte est rédigé au masculin. L’élève est « il », l’élève développe « sa confiance en lui », et dans la classe il y a « l’enseignant », qui porte un regard attentif « sur chacun d’eux », y compris dans ce paragraphe sur filles et garçons, « où l’on veille à la répartition des tâches confiées à chacun ». C’est dommage. Les enseignantes et enseignants ont conscience, majoritairement, de l’inégalité entre les filles et les garçons en mathématiques, créée par l’importance des stéréotypes sociaux de sexe. Ils et elles sont en demande d’outils. L’attention que l’on porte à la façon dont on s’adresse aux élèves en est un.
2 – A plusieurs reprises il est suggéré de mettre en perspective historique un certain nombre de notions. Nous nous en réjouissons, car cet apport culturel est souvent apprécié des élèves, des filles en particulier, donc un moyen de leur faire aimer les mathématiques.
3 – Dans le paragraphe sur les compétences psychosociales, nous notons :
« Concernant la dimension émotionnelle, la résolution de problèmes apprend à l’élève à gérer son stress face à l’inconnu, à identifier ses points forts, à tirer profit de ses erreurs, à développer sa confiance en lui et à éprouver le plaisir de chercher. La pratique fréquente d’évaluations en temps limité lui apprend, quant à elle, à gérer le stress lié à des contraintes temporelles ».
Dans les chapeaux du calcul mental pour le CM1 et le CM2 nous retrouvons
« Des tests en temps limités sont indispensables ; d’une part ils aident les élèves à renforcer la mémorisation des résultats et l’automatisation des procédures, d’autre part, ils permettent à l’enseignant d’être informé sur l’état des connaissances et des avoirs faire des élèves. »
Nous nous interrogeons sur « la pratique fréquente d’évaluations en temps limité pour gérer le stress ». Une majorité des filles que nous interrogeons nous signale l’anxiété générée par la multiplication des évaluations d’une part, et le temps limité d’autre part. Tout dépend bien sûr du contenu et de la nature de ces évaluations. S’il s’agit de petits tests de calcul mental par exemple, cela se comprend. Mais s’il s’agit de petits problèmes plus élaborés, même simples, à résoudre en temps limité, et évalués, cela peut contribuer à accroitre le stress au contraire, et à donner une image des mathématiques qui n’emporte pas l’adhésion. Ce sont des situations qui peuvent éloigner les filles des mathématiques. Il faudrait par ailleurs préciser les critères d’évaluation, dont la rédaction correcte, le développement de justifications, la qualité de l’exposition qui pourraient faire pencher la balance du côté des qualités souvent développées chez les filles, et pour lesquelles les garçons auraient tout à gagner. Pourquoi les mathématiques devraient subir des contraintes temporelles, facteur de stress effectivement ?
Dans le projet de programme de français, on insiste sur la prise de conscience par l’élève que le travail d’écriture est un processus long. C’est aussi le cas pour la résolution de problèmes mathématiques.
Quant à la fréquence des évaluations, beaucoup d’élèves, surtout les filles, ont parfois l’impression que les cours de mathématiques servent essentiellement à préparer d’une fois sur l’autre la prochaine évaluation à venir, et n’ont pas le temps de se poser.