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1924-2024 : centenaire de l’égalité des filles et des garçons devant le baccalauréat

Le 4 décembre 2024, de 14h à 18h à la Faculté des Sciences de l’Université de Nantes, amphi Pasteur.

A l’occasion du centenaire de l’accès égal au baccalauréat pour les filles et les garçons, l’association femmes et mathématiques organise une journée d’études en collaboration avec le Centre François Viète de l’Université de Nantes.

Le 4 janvier 1930, Gustave Cohen, professeur sans chaire d’histoire de la littérature française du Moyen Âge à la Sorbonne, confie à un journaliste des Nouvelles littéraires que la plus grande révolution à laquelle il ait assisté depuis la guerre est « l’invasion de l’université par les femmes ». Et il est vrai que si la féminisation des facultés françaises a débuté un demi-siècle plus tôt, la possibilité offerte aux femmes d’accéder au baccalauréat tout comme les hommes gonfle le chiffre des inscriptions féminines à l’université. Si cela constitue un véritable progrès pour certains, il crée chez d’autres un sentiment de malaise. En effet, les prérogatives masculines sur les postes à haut niveau de diplôme sont alors battues en brèche.

  • 15h30 : Conférence d’Anne Boyé : La longue marche des filles pour obtenir, en 1924, le droit d’étudier les mathématiques à égalité avec les garçons.

Lors de la création des lycées de jeunes filles en 1880, le but était avant tout de former de bonnes mères de famille, avec des programmes très amputés par rapport à ceux destinés aux garçons. En particulier ces programmes ne comportaient pas de langues anciennes, nécessaires pour passer le baccalauréat et l’enseignement de mathématiques était très réduit. Sauf aide extérieure les lycéennes ne pouvaient passer le baccalauréat et par suite étaient empêchées d’entrer à l’université.
Nous étudierons les grands changements pour les mathématiques qu’apporte la réforme qui se met progressivement en place en 1924, qui est l’aboutissement d’un long parcours, accéléré après la première guerre mondiale, à la fois dans les contenus, mais aussi les méthodes d’enseignement. Nous examinerons aussi les conséquences que cela a engendré puisqu’il fallait des enseignantes d’un niveau suffisant, donc penser peut-être l’agrégation de mathématiques identique pour les femmes et les hommes. Ce ne fut pas si évident, et la « fusion » des deux agrégations en mathématiques fut la dernière réalisée. Les conséquences de tout ceci ne furent peut-être pas toujours positives. 1924 n’était pas la fin de ce long cheminement, seulement une étape. Et nous savons qu’il en reste beaucoup à franchir. Les lois ne suffisent pas, les stéréotypes sont toujours là.

  • 16h30 : pause
  • 17h : Table ronde : 100 ans après : les nouveaux enjeux de l’égalité filles/garçons devant les mathématiques.
    • animée par Laurence Broze, présidente de l’association femmes et mathématiques,
    • avec la participation de :
      • Marianne Bessemoulin, chargée de recherches au Laboratoire jean Leray de l’Université de Nantes,
      • Nathalie Roth, enseignante en mathématiques, représentante de l’APMEP
      • Isabelle Guichard, co-responsable du master 2 MEEF de mathématiques, Université de Nantes.
  • 18h : Cocktail.

Inscription (gratuite) :





    Les personnes inscrites à distance recevront un lien pour participer.

    Si vous participez à la conférence en présentiel à Nantes, participerez-vous au cocktail de clôture à 18h ?

    Quelques références

    Quand le baccalauréat devient mixte“, Evelyne Héry, Clio, femmes, genre, histoire, pp. 77-90, 2003.

    Les femmes à la conquête de l’université (1870-1940), Amélie Puche, L’Harmattan, 2022.

    Rapport et décret relatifs au plan d’études de l’enseignement secondaire des jeunes filles

    Rapport au Président de la République française, 25 mars 1924

    Monsieur le Président,
    Après avoir réalisé la réforme de l’enseignement secondaire des garçons, j’ai l’honneur de vous soumettre, aujourd’hui, la réforme de l’enseignement secondaire féminin [prévue dans le décret du 3 mai] où j’annonçais la mise à l’étude « des modalités d’adaptation du nouveau plan d’études à l’enseignement secondaire des jeunes filles. »
    J’ai essayé dans cette réforme de répondre au double vœu des familles et de l’université : d’une part, maintenir un enseignement secondaire féminin qui, depuis quarante ans, a fait ses preuves ;
    d’autre part, faciliter aux jeunes filles qui le désirent un enseignement identique à l’enseignement secondaire masculin.
    Ce mouvement des jeunes filles vers les études secondaires masculines, et vers le couronnement de ces études, le baccalauréat, a pris depuis une vingtaine d’années une intensité croissante ; mais nos lycées n’ont pu, jusqu’à présent, employer que des moyens de fortune pour satisfaire au désir des familles. Ce but du nouveau décret est de régulariser l’institution d’une section d’enseignement secondaire masculin dans tous les lycées, collèges et cours secondaires de jeunes filles.
    Mais une section seulement conduira les élèves au baccalauréat ; l’autre section continuera de conduire les jeunes filles au diplôme de fin d’études institué par la loi du 21 décembre 1880.
    Pour atteindre ce but, la première condition à réaliser est de donner à l’enseignement secondaire des jeunes filles la même durée qu’à l’enseignement secondaire des garçons : c’est le premier objet du présent décret.
    Dorénavant donc, pendant six années, jeunes filles et jeunes gens suivront un programme commun de français, de langues vivantes, de sciences, d’histoire et géographie, de dessin. En plus de ce programme commun, les unes étudieront les langues classiques et seront conduites au baccalauréat comme leurs frères ; les autres étudieront plus spécialement les matières d’enseignement proprement féminines, telles que l’économie ménagère, les travaux manuels féminins, la musique, et recevront, d’autre part, avant le diplôme, des compléments d’instruction tels que littératures anciennes, littératures étrangères, psychologie et morale. Mais horaires et programmes ont pu être organisés de telle façon que même celles qui prépareront le baccalauréat recevront encore leur part de culture proprement féminine.
    Mon ambition a été de rén Ire accessible, d’une part, à une élite d’enfants la culture classique, et d’offrir, d’autre part, à la grande majorité des jeunes filles de nos lycées, qui n’a en vue que la vie du foyer, l’éducation élevée que le législateur de 1880 lui avait destinée.
    J’espère avoir concilié ainsi la réforme de l’enseignement secondaire des garçons avec les traditions déjà établies de l’enseignement secondaire des jeunes filles.
    Si vous partagez ma manière de voir, je vous serai reconnaissant de vouloir bien revêtir de votre signature le présent décret.
    Le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts,
    Léon Bérard.

    Décret du 25 mars 1924

    Le Président de la République française.
    Sur le rapport du ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts,
    Le conseil supérieur de l’instruction publique entendu,
    Décrète :
    Article premier. — L’enseignement secondaire des jeunes filles comprend six années d’études.
    Art. 2. — Le diplôme de fin d’études secondaires institué par l’article 2 de la loi du 21 décembre 1880 sera délivré après la dernière année du cours d’études, à la suite d’un examen dont les matières sont fixées par arrêté ministériel.
    Art. 3. — A côté de l’enseignement sanctionné par le diplôme, il est institué dans les lycées et collèges, un enseignement facultatif dont la sanction est le baccalauréat.
    Art. 4. — Les programmes de l’enseignement des garçons sont intégralement appliqués dans l’enseignement facultatif prévu par l’article 3.
    Ils sont appliqués pour toutes les matières communes dans l’enseignement sanctionné par le diplôme.
    L’économie domestique, les travaux à l’aiguille et la musique font partie obligatoirement de l’enseignement dans les lycées et collèges de jeunes filles.
    ArL 5. — La répartition des matières de l’enseignement sera fixée par un arrêté ministériel après avis du conseil supérieur de l’instruction publique.
    Art. 6. — A la fin de chaque année d’études, les élèves devront subir un examen pour passer dans une classe supérieure. Cet examen devra être également subi parles élèves qui viendront du dehors.
    Art. 7. — L’ examen passé après la quatrième année d’études donnera lieu à la délivrance d’un certificat d’études secondaires.
    Art. 8. — Le décret du 14 janvier 1882 est abrogé.

    Fait à Paris, le 25 mars 1924.
    A. Millerand.

    Par le Président de la République :
    Le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts,
    Léon Bérard.